L’histoire du noeud papillon

Le nœud papillon est l’un des plus vieux accessoires de mode qui aujourd’hui encore continue de faire sensation.

Longtemps associé à la cravate, cet intemporel a subi d’innombrables transformations, qui ont abouti à l’image des nœuds papillon telle que vous la connaissez actuellement.

Depuis plus d’un siècle, le nœud papillon est passé par différentes phases : apanage de la bourgeoisie au début du siècle, puis accessoire désuet porté par quelques irréductibles parfois par nécessité, il effectue au milieu des années 2000 un retour triomphal.

Plusieurs hypothèses et anecdotes ont déjà été énoncées sur ses origines. Retrouvez ici la réelle histoire du nœud papillon.

Les origines du nœud papillon

Après le franc succès qu’a eu la mode du nœud papillon, plusieurs stylistes ont tenté de s’approprier cette création.

Cependant, l’histoire retient un nom en particulier, celui du célèbre couturier Pierre Lorillard qui, en 1886, a conçu l’incontournable smoking pour se rendre à un bal très prisé de l’époque. Autrement dit, un tailleur-pantalon noir accompagné d’un nœud papillon noir. Il aurait fait sensation dans cette tenue et plusieurs stylistes s’en étaient inspirés plus tard.

Il s’agit là de la principale anecdote énoncée sur l’origine du nœud papillon. Cela signifie en occurrences que plusieurs versions ont également vu le jour. Selon plusieurs chercheurs, le nœud papillon serait une version améliorée des jabots. Il s’agit d’accessoires longtemps utilisés par des savants et des hommes politiques lors des rassemblements officiels.

Pour ces derniers, cet accoutrement était synonyme de puissance et de profond respect. Un homme vêtit d’un nœud papillon plus précisément de couleur blanche, véhiculait de la sagesse, et surtout, la haute classe sociale.

Contrairement aux idées reçues, la mode des nœuds papillon n’a pas eu un succès immédiat. En effet, cet accessoire n’a pas toujours été adopté par tout le monde. Il a lui aussi connu une période noire pendant laquelle, le porter était sujet de moquerie. Dans les années 70-80 par exemple, le nœud papillon était l’accessoire par excellence des guignols et des clowns.

Allusion sera notamment faite au costume de Charly Chaplin et au nœud de Steve Urkel, le personnage d’une célèbre série télé. Porter un nœud papillon en dehors du smoking pouvait donc porter à confusion. Par chance et aussi grâce aux transformations qu’il subira au cours des années 2000, l’opinion publique se fera tout autre.

Par ailleurs, sachez que le nœud papillon dans son état originel était une cravate nouée, bien différente de la forme actuelle. Il a donc connu d’importantes améliorations afin de devenir l’atout mode que tout le monde s’arrache.

Le nœud papillon : l’apanage de la bourgeoisie

Le nœud papillon dans son essence naturelle tire ses origines du jabot. Il s’agissait d’une sorte de cravate cousue et vêtue uniquement lors de réunions officielles. Il était donc autrefois, l’accessoire de la bourgeoisie, de la richesse et il exprimait l’aisance financière.

Seuls les hommes politiques, les grands hommes d’affaires et quelques hommes de loi avaient le droit d’en porter. Si aujourd’hui l’on reconnaît une élite grâce à son type de voiture ou grâce à ses bijoux, dans le temps, seul le nœud papillon suffisait à différencier un bourgeois d’un prolétaire.

Au cours des années suivantes, la mode des nœuds s’est vue moins sélective, mais tout aussi significative. Désormais, toute la classe bourgeoise sans distinction pouvait les porter lors des cérémonies : mariage, bal, cocktail, etc. Bien que dans la société actuelle, tout le monde puisse le porter, la règle n’a jamais changé, le nœud papillon reste un accessoire de grandes occasions.

Nœud papillon et cravate : une confusion à l’époque

Ces deux accessoires aujourd’hui totalement dissociés ont longtemps été confondus. Bien que l’une soit beaucoup plus récente que l’autre, ces deux atouts mode ont tout de même quelques similarités. Le nœud papillon dans le temps était une cravate nouée sous la forme d’un papillon et c’est effectivement de là qu’il tire son nom : Nœud papillon.

Le but était de se servir d’une cravate (tissu proportionnel) pour créer une attache ayant un beau résultat. C’est par la suite que les couturiers et stylistes modélistes de l’époque ont décidé de confectionner des nœuds papillon à part entière, qui se mettent avec une grande facilite.

L’un tire peut-être ses origines de l’autre, mais ces deux accessoires se portent pour différents événements. La cravate est un accessoire d’occasion, mais l’on fait allusion à des rassemblements professionnels, des réunions de travail ou des sorties officielles. Il s’agit en bref d’un outil de travail synonyme de managérial.

De plus, contrairement aux nœuds papillon, la cravate était un accessoire que tout le monde, pauvre ou riche pouvait fréquemment porter. Par contre, et comme mentionné plus haut, le nœud papillon est beaucoup plus sélectif et exprime la bourgeoisie et l’aisance financière. Voilà sans doute la raison pour laquelle aujourd’hui encore, cet accessoire est uniquement réservé aux évènements grandioses.

La scission

A partir du moment où cravate et nœud papillon ont chacun pris une forme matérielle distincte – selon toute vraisemblance au début du XXème siècle (voir histoire) – une différenciation insidieuse s’est opérée en termes d’usage.

Malgré un certain nombre d’ambassadeurs aussi influents que Franklin D. Roosevelt et surtout Winston Churchill – dont le nœud papillon fétiche marine à pois blancs de chez Turbull & Asser est devenu emblématique – le nœud papillon est largement distancé par la cravate comme l’accessoire vestimentaire formel universel du cadre en entreprise.

Dans le monde du travail, il demeure un peu plus représenté au sein des professions libérales ou dans la restauration, peut-être pour se démarquer des salariés évoqués ci-dessus. C’est en particulier le cas des médecins, dont il se dit qu’ils apprécient son caractère plus hygiénique puisqu’il ne traine pas comme une cravate.

Le nœud papillon conserve cependant sa suprématie sur la cravate dans les grandes occasions, souvent liées au monde du spectacle, en sa qualité d’indissociable partenaire du smoking (voir la rubrique Styles pour quelques précisions sur les codes vestimentaires élémentaires à respecter).

C’est aussi, comme vous l’aurez remarqué, la tenue de prédilection de James Bond.

Les styles de nœuds papillon à travers le temps

Comme vous pouvez le constater, l’histoire des nœuds papillon ne date pas d’aujourd’hui. Du jabot aux cravates nouées, ces accessoires de mode ont subi de nombreuses améliorations. Les amateurs de cet accessoire assistent encore aujourd’hui à la conception de nouveaux modèles qui sont de plus en plus intéressants.

Il s’agit ici des nœuds papillon fleuris, idéaux pour des sorties journalières. Des nœuds papillon à petits pois, des nœuds à rayures, des nœuds en imprimes animal, mais également des nœuds en tissu africains (le wax), il y en a pour tous les goûts. Désormais, hommes, femmes et enfants peuvent le porter pour différentes occasions. Cependant, l’incontournable nœud noir à smoking ne perd pas de sa valeur pour autant. Bien au contraire, il résiste au temps et garde tout son charme.

Il est également à noter que la matière utilisée pour la confection des nœuds papillon diverge en fonction de la couleur, des motifs, mais également du style de la tenue. Néanmoins, la mode actuelle traite de tous les types. Des nœuds en coton aux nœuds en soie, rien n’est laissé au hasard.

Les nœuds papillon qui furent dans le temps très sélectifs et assez ringards sont désormais et des incontournables de la garde-robe et tout le monde se les arrache. Capables de donner forme à une tenue tout à fait banale, ces accessoires n’ont pas fini de faire parler d’eux et leur histoire n’est pas prête à s’arrêter. Vous pourrez donc vous en procurer pour sublimer vos tenues.

La lente déchéance

Le nœud papillon, porté en dehors du smoking, devient peu à peu synonyme dans l’opinion publique d’une marque d’excentricité, puisque beaucoup moins conventionnel qu’une cravate. Ce sentiment se renforce dès le milieu du XXème siècle avec l’appropriation plus régulière du nœud papillon par des individus à caractère comique. D’abord Laurel & Hardy (seul Hardy porte un nœud papillon), puis Groucho Marx, Jerry Lewis ou encore Pee Wee.

Plus récemment des personnages de série télé comme Steve Urkel contribuent dans les séries des années 80-90 à associer le nœud papillon aux « geeks » , les losers intellos. Le nœud papillon touche alors le fond.
Le retour en grâce

C’est bien connu, la mode est un éternel recommencement. Tôt ou tard, un élément oublié revient dans nos placards de manière plus ou moins pérenne.

Dès le milieu des années 2000, un jeune créateur passé par d’illustres maisons se lance dans la réhabilitation de cet accessoire si controversé : le français Alexis Mabille.

Le noeud papillon réapparaît progressivement dans les collections, chez Dolce & Gabbana, Sonia Rykiel et surtout Lanvin, dont le directeur artistique Alber Elbaz en a fait son signe distinctif.

Il entre même dans les dressings féminins…Dès fin 2008, l’actrice Diane Kruger apparaît régulièrement avec un noeud papillon autour du cou, généralement de chez Chanel.

Puis il est vite rattrapé par la mode du style « preppy » – vous savez, ce look très coloré style université américaine, et revient en force dans l’offre des grandes marques de prêt à porter telles Ralph Lauren ou Hackett.

Le noeud papillon tient la une véritable revanche. Car même si son audience est encore relativement réduite, il est l’apanage des néo dandies qui assument et revendiquent sa touche chic et irrévérencieuse; assez petit, il permet d’exprimer d’avantage d’excentricité qu’une cravate, avec parcimonie.

Dans le même temps, l’image de la cravate tend à se ternir sous la double influence de la culture américaine (et de la mode du « Friday wear« , jour où l’on ne porte pas de cravate dans les entreprises) et de l’avènement de l’économie numérique, dans laquelle les chefs d’entreprises influents évoluent plutôt en jeans-baskets qu’en costume 3 pièces.

La cravate est jugée trop classique; mais ses versions « slim » et surtout « tricotée » (« knitted tie ») ravivent doucement l’intérêt pour cet accessoire.